Chez les Bariba

Fin janvier 2013, nous avons eu la chance d’accompagner des amis invités à participer à  une Gaani, une fête traditionnelle des cavaliers Bariba.


Je m’excuse d’avance des inexactitudes car ce qui suit n’est que ce que j’ai compris des événements et des réponses aux questions que j’ai posées. Je parle aussi des Bariba comme d’un peuple car c’est ainsi qu’eux -même se présentent, bien que j’ai vu sur le net des subtilités de groupe linguistique et de territoire un peu plus pointues.


Les Bariba sont implantés dans le nord du Bénin et du Nigeria, ils constituent un peuple maintenant musulman, de très lointaine origine Perse d’où leur culture équestre, inexistante par ailleurs au Bénin.


Un certain nombre de villes organisent à tour de rôle leur Gaani, un événement annuel très codifié où chaque roi de chaque ville Bariba invite les cavaliers de sang princier des autres villes Baribas.
Les Gaanis successives ont lieu durant environ deux mois. Les dates sont calquées sur celle du calendrier religieux musulman.


Ces Gaanis sont si renommées qu'il paraît qu'à la frontière avec le Nigeria, il suffit aux Bariba de prouver qu'ils se rendent à une Gaani nigériane pour se voir ouvrir la frontière.


La Gaani de Djougou, celle à laquelle nous avons participé, se tient le lendemain de la journée du Mouloud, le 24 janvier cette année.

Arrivés un vendredi soir après 7 heures de route à Djougou, au centre-ouest du Bénin, nous rencontrons Thierry qui participe à la Gaani du lendemain et nous servira de guide tout au long du wek-end. Thierry est Consul de France à Parakou, une ville du centre-est du Bénin. Il est pour moitié originaire de Perpignan et prince Bariba par sa grand-mère maternelle. A ce titre, il nous introduira auprès du roi de Djougou et du roi des Peuls.

Nous avons  été extrêmement bien reçus, en invités d’honneur chez le roi des Peuls le vendredi soir, où les griots de plusieurs personnalités se sont succédés pour faire l’éloge de leur hôte et des différents princes et princesses présents.
Lilas s’est endormie au milieu du concert assourdissant des djembés quand des danses ont suivi les griots, et cela a fait beaucoup rire le roi  !



Samedi, c’est le début de la Gaani proprement dite, qui débute par une "audience" chez le roi de Djougou de tous les cavaliers Bariba qui se présentent tour à tour selon leur rang.


Dès le matin, arrivée des officiels dans la cour du roi de Djougou.


Aux quatre coins de la ville on prépare les chevaux.
Le chef des chevaux, Saani, a organisé le logement des montures des cavaliers invités dans toutes les écuries de la ville : Chaque bariba se doit d’avoir son cheval, à domicile et il passe avant l’épouse.


Pas de pansage, mais beaucoup de tapis et de décorations diverses.


Celui-ci a les jambes teintes au henné.


Les harnachements sont comment dire... virils.


Seuls les Bariba de sang royal ont droit à ces grands étriers en cuivre.


Une fois leurs chevaux prêts,  les Bariba se rassemblent pour rejoindre à cheval le « palais » du roi.



 Arrivée des cavaliers chez le roi de Djougou (voir photo ci-dessous) : Si nous participons à cet événement c’est que nos amis ont une fille de 15 ans, Marie, qui spectatrice l’année passée s’était vu proposer un cheval quand les Bariba ont appris qu’elle montait. Elle a battu le fils du roi à la course et beaux joueurs, les Baribas lui ont proposé de revenir cette année pour faire la Gaani avec eux.



Dans la première cour du roi, chaque cavalier fait tour à tour une « démonstration » à cheval qui consiste à foncer dans la foule pour s’arrêter au ras des spectateurs, cabrer sa monture ou le faire danser sur place… Certains tombent, l’un met par terre les grands djembés de l’orchestre qui accompagne tout le « show ». Plus les cavaliers prennent de risques, plus la foule hurle de joie. La poussière se lève très vite rendant les photos difficiles.


Au milieu : Thierry, notre consul perpignanais-Bariba



Puis ils passent dans la deuxième cour et attendent l’arrivée du roi qui est encore dans ses « appartements » dans une troisième cour.



Le roi sort, se met en selle, la foule l’acclame et les chasseurs tirent des coups de fusil en l’air. C’est le signal du départ du défilé en ville derrière les musiciens.





Les Bariba défilent dans les rues et se rendent à cheval dans chacune des mosquées de la ville. Le défilé dure plusieurs heures et nous nous éclipserons discrètement après la première mosquée vers midi, car nous les suivons à pied depuis le matin et il fait pas loin de 40° au soleil…
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Deux cavaliers proposent à Lilas et Emma de monter en selle au milieu du défilé. Le roi n’est pas leur cousin.


Vers 17 heures, tous les cavaliers se réunissent à nouveau, cette fois chez le roi des Peuls. Là aussi les cavaliers se succèdent avec leurs chevaux dans la cour.


 

Les Peuls aiment bien être pris en photo visiblement, ces deux jeunes filles m'ont fait mitrailler toute leur famille !


Les guerriers Peuls sont maquillés aussi.



En fin d’après-midi, après un ensemble de discours interminables de tous les officiels du coin dans un stade bondé, partie que nous « séchons » lâchement, nous retrouvons nos cavaliers Bariba qui finissent la journée par des courses deux par deux derrière le stade.





Nous rentrons épuisés mais ébahis par toutes ces images, la musique et l’accueil extraordinaire qui nous a été fait... Lilas a fait sensation sur les épaules de son père car ici se sont les femmes qui portent, presque jamais les papas.



Toute la journée, des grappes d’enfants nous ont suivis, en silence et sans rien demander. Ils fixaient notamment nos cheveux, nous souriaient timidement car ils ne voient pas souvent de Blancs. Par contre, ils adorent se faire prendre en photos et voir le résultat sur le petit écran !



Nous étions quasiment les seuls Blancs dans la ville en fête car la Gaani n’est curieusement pas très touristique. D’abord c’est un événement traditionnel «interne » aux Bariba, et ensuite je pense que la date étant très fluctuante (calée sur le calendrier musulman donc lunaire) il est peut-être difficile à des organisateurs de programmer des visites à l’avance.

Nos pieds sont noirs et nous cracherons de la poussière pendant trois jours !


Rendez-vous l'année prochaine...
Thierry notre guide-consul-Bariba nous a convié à la Gaani de sa ville d'origine Nikki, un des berceaux de la culture Bariba dans la région de Parakou, au centre-est du Bénin.
Il a même parlé de participer à cheval,  à la grande joie de Marie ! Une semaine après notre retour sur Cotonou, il nous faisait parvenir deux litres de miel de son domaine. Quand l'hospitalité africaine se double du savoir-vivre à la française....

5 commentaires:

  1. Bon c'est sûr nous de Paris pas la peine de faire un blog pour te raconter notre soirée raclette tout de suite ça fait moins exotique !
    Armelle

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    1. Pas du tout, vu d'ici la soirée raclette c'est hyper exotique, on a des amis nostalgiques qui se font des soirées raclette ici en mettant la clim à fond après avoir dépensé la moitié de leur paye pour acheter le fromage made in France... Alors on attends les photos :)

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  2. Moi aussi j´avais les chaussures noires et j´ai craché de la poussière pendant 3 jours, après avoir vu une étape du rallye d´Alsace. Mais les indigènes étaient moins colorés et moins hospitaliés, et surtout le roi des Peuls a oublié de venir!
    PS: il y a Nicolas Hulot qui a appelé. Il voudrait savoir si tu es libre pour le prochain Ushuaia.

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    1. Si tu as une invit l'année prochaine pour le rallye d'Alsace, je m'engage à la transmettre au roi des Peuls ça va sûrement le dépayser !
      J'ose pas appeler Nico H., j'ai un 4X4 monstrueux au niveau de l'indice carbone, il va me tuer...

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  3. La fête de la ''Gani'' (festival culturel du peuple Wassangari) est le bon moment pour voir le défiler en continue des chevaux à Nikki dans le Nord Bénin et passer de bon moment.

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