Bouche du Roy. Tortues, sel et mangrove

Excursion de février 2013.



La Bouche du Roy est  une mauvaise traduction de la Boca del Rio, la bouche du fleuve en portugais.
Situé à l'extrémité ouest du littoral béninois, c'est un delta formé par le fleuve Mono, qui longe la frontière avec le Togo avant de se jeter dans le Golfe de Guinée par une curieuse brèche parallèle au littoral.
Derrière la lagune, le fleuve est parsemé de petites îles et de mangroves qui laissent place à des plages de sable fin désertes lorsqu'il s'élargit vers la mer, c'est un endroit magnifique.


Jacinthes d'eau devant des palétuviers.


Village de pêcheurs sur une des nombreuses îles.

Pour explorer cette zone immense, nous embarquons sur une barque motorisée. Mais d'abord nous faisons une petite visite au village voisin pour admirer des tortues marines, qui sont protégées ici.


Lilas et un bébé tortue élevé ici avant d'être relâché.










Oeuf de tortue marine.

D'après notre guide, pour calmer une tortue il faut la caresser...
... dans le cou. Et ça marche, en tout cas elle arrête de bouger.


Embarquement.
Nous allons descendre le fleuve Mono jusqu'à la mer. Une ballade de deux heures en comptant une petite visite sur une île de pêcheurs.



Chapeau et lunettes : il fait très chaud et il y a des embruns salés.


La mangrove, un royaume amphibie.

La mangrove c'est un écosystème de marais maritime propre aux régions tropicales et dont la végétation a développé un type spécifique d'adaptation avec notamment des racines aériennes.
Les palétuviers sont les principales espèces végétales de la mangrove.
 Ils ont développé plusieurs solutions pour lutter contre les contraintes de leur milieu, notamment la salinité de l'eau et le manque d'oxygène des sols inondés.
Le palétuvier rouge par exemple développe des racines-échasses, munies au-dessus de l'eau de lenticelles, des sortes de pores pour respirer. Du côté immergé, ses racines développent une forme d'imperméabilité au sel en sécrétant une matière cireuse (la subérine).

Mangrove. A droite des racines aériennes.






 
 Ce "stylo végétal" c'est une propagule, une jeune plantule de palétuvier.

La propagule n'est ni une graine, ni un fruit mais un individu identique au végétal dont elle est issue.

Pour éviter l'asphyxie ou la noyade, elle germe sur l'arbre-mère et quand elle se détache, c'est déjà une plantule dont la forme lui permet de se ficher dans la vase.









La mangrove est aussi un réservoir très riche de poissons, crabes, oiseaux et mollusques. Et une super bauge pour les petits cochons des îles :).

Elle stabilise le littoral et cette énorme biomasse constitue une ressource vitale pour les populations de pêcheurs. Malheureusement, la mangrove est ici en danger comme partout dans le monde, à cause notamment des ponctions humaines de bois et de racines pour le feu et la récolte du sel (voir plus bas).





 Les "villages du sel".




Nous abordons sur une île, dans un village de pêcheurs. Les femmes assurent une production particulièrement pénible, celle du sel extrait du sol de la mangrove. Elles nous permettent avec une grande gentillesse de regarder leur travail.



La boue salée de la lagune est placée dans de sorte de grands paniers fabriqués avec les racines du palétuvier rouge.


Les femmes versent de l'eau sur le sable, elle se charge en sel en le traversant et ressort par un petit robinet à la base du panier.




Elles font repasser l'eau plusieurs fois, jusqu'à ce que l'eau soit si salée que les noix de palme flottent.




Puis elles font bouillir l'eau salée jusqu'à évaporation, sur un foyer alimenté de bois de palétuvier. Il fait une chaleur d'enfer dans la paillote, d'autant qu'il fait déjà 35° dehors !




La récolte de sel sera vendue.

La mangrove recule aux abords des villages et les femmes doivent aller de plus en plus loin pour récolter du bois et des racines. Elles ont appris, nous dit-on, à replanter des propagules sur les zones déforestées mais il est douteux que cela compense les prélèvements.




Maison en torchis et petit jardin de bananiers protégé par une clôture.



 La Boca del Rio.
 Nous repartons en bateau et arrivons à l'embouchure sur la mer, la vue est magnifique. Pique-nique, sable fin et trempette avant de rentrer.














La "grande soeur" (terme générique comme "dada") de Matthias nous a cuisinés des crevettes sautées et du riz. Nous mangeons dans le bateau pour avoir un peu d'ombre.
 
 
Mathias et Armand préparent les ananas du dessert.

2 commentaires:

  1. merci pour ces belles images. je viens de tirer profit du descriptif du lieu....

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  2. Merci pour l'article. Petite rectification. C'est Boca Do Rio et non Boca del Rio (espagnol).

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