Les Tata Somba

Un Tata Somba c'est une habitation caractéristique du Nord Bénin. Il y en existe aussi au Nord Togo qui les a inscrit au patrimoine mondial de l'Unesco. Tata est un mot à l'origine synonyme de fortification et Somba désigne l'ensemble très nombreux des groupes socioculturels de la région de l'Atakora, au nord-ouest du Bénin.

Les Somba se regroupent entre voisins ou apparentés pour construire un nouveau Tata. Les murs sont faits de divers mélanges de boue latéritique et d'argile additionnée de bouse de vache pour les enduits de finition. 




Les Tata Somba ont d'abord un rôle défensif, certains n'ayant à l'origine même pas de porte mais une échelle au rez-de-chaussée. Il y a de nombreux types de Tata Somba associés aux divers peuples de l'Atakora : avec ou sans vestibule, à un ou deux étages, avec des terrasses intermédiaires ou de séchage des grains, des toits coniques et des toits plats, etc.




Leur disposition est aussi symbolique que pratique : Par exemple, l'entrée est toujours à l'ouest, considérée comme la direction des vivants, l'est étant celle des mauvais génies et accessoirement des pluies dominantes.
Sur cette photo, on voit des "scarifications" décoratives sur les murs, ornés de quelques amulettes protectrices. La motte de terre arrondie en bas à droite est un autel. Par contre, j'ai posé la question, le pignon de vélo accroché en haut à droite de la porte est là parce que c'est plus pratique :).




Autre décoration rituelle sur le Tata d'un "sage" rendant la justice au village : cette guirlande est composée d'animaux sacrifiés et de coquilles d'oeuf. Chaque oeuf symbolise  un problème ou conflit qui lui a été soumis par les autres villageois et qu'il a résolu.
Vu sur un autre Tata, une guirlande de coquillages pour les soins apportés par le propriétaire spécialiste du "réparage des os" (fractures, foulures...).








Les autels des ancêtres et les protections magiques se trouvent au rez-de-chaussée, le caractère sacré de cette partie n'est pas incompatible avec la présence du poulailler et des bêtes en général.

En effet, les animaux, dont la consommation n'a lieu que lors des cérémonies, sont considérés comme la nourriture des morts, tandis que le stockage des grains, nourriture des vivants, se fait dans les greniers à l'étage, où vit la famille.

Le tambour réservé aux funérailles et divers accessoires cérémoniels.


La meule pour écraser le grain est au rez-de-chaussée.

 Habiter un Tata est assez sportif. Les multiples niveaux avec des escaliers en tronc d'arbre, dont les marches hyper étroites obligent à crisper les orteils et les portes très basses ne facilitent sans doute pas la vie quotidienne concentrée dans les étages. Cela explique aussi que les vieux se retrouvent à habiter le rez-de-chaussée quand ils n'arrivent plus à grimper !




Les greniers sont en fait de grosses poteries façonnées à base de terre argileuse, de termitières désaffectées et additionnées de débris de paille. Dedans des compartiments contiennent différents grains comme le sorgho (gros mil) ou le millet (petit mil), du tabac en tresse, de la moutarde...


Sur la terrasse supérieure, les greniers à grains sont reconnaissables à leur chapeau muni d'une canne recourbée qui permet de l'accrocher sur le rebord lorsqu'on ouvre le grenier.
La chambre du mari et celle de la femme et des enfants ne servent que par temps "froid" (durant l'harmattan, un vent du désert très craint ici qui souffle en décembre-janvier). La cuisine est extérieure, deux ou trois mottes de terre (en bas de la photo ci-dessous) forme un foyer pour la cuisson.


Les tiges blanches sont du manioc qui sèche.




Les Tata Somba sont assez éloignés les uns des autres pour permettre la culture de champs à proximité de la maison. Chez les Somba, c'est le dernier garçon de la fratrie qui hérite de la maison et des biens. Logique puisque dernier à la maison, c'est lui qui s'occupera des parents vieillissant. Ses aînés fonderont leur Tata à un jet de flèche (littéralement) de la maison paternelle et devront solliciter toute aide familiale auprès de leur cadet.



En toute honnêteté, malgré le charme extérieur de ces mini château-forts ocres, l'obscurité des rez-de-chaussée sans ouverture et noirs de suie, ajouté à l'aspect malcommode de l'ascension aux étages et à l'exiguïté des chambres meublées de haillons m'ont laissé une impression un peu sordide...




 Cette mosquée désaffectée illustre l'indépendance des peuples de l'Arakora. Qualifiés de société acéphale car dénuée de pouvoir politique centralisé, les Somba ont aussi résisté à la colonisation et plus récemment aux tentatives d'islamisation des lybiens.
Le régime de Kadhafi avait avant la révolution (béninoise) initié une campagne de conversion au Bénin en proposant une mosquée clef en main à chaque village, des cours de Coran ainsi qu'une djellaba blanche et 5000 Francs CFA à chaque nouveau croyant.
Notre guide Somba nous a expliqué que chacun a  pris le vêtement et les sous mais que cela s'est arrêté là car il fallait renoncer à la viande de porc, à la bière de mil et aux fétiches et que ça c'était pas possible :).

Abreuvoir à poules taillé dans un rondin.

1 commentaire:

  1. Bonjour Sophie,

    Je suis une jeune Belge de 24 ans et je pars en septembre au bénin comme bénévole. Serez-vous toujours là avec votre petite famille? Ca me ferait plaisir de vous rencontrer sur place.A bientôt, Laura.

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